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Panissars

Présentation

Le col de Panissars est un col pyrénéen situé sur la frontière entre l’Espagne et la France, entre Le Perthus et La Jonquera. Il marque l’extrémité occidentale du massif des Albères. Situé à 325 m d’altitude, tout à l’est des Pyrénées, le col de Panissars n’est séparé du col du Perthus que par une colline, sur laquelle trône le fort de Bellegarde.

Lieu de passage emprunté depuis la préhistoire Panissars possède une très riche histoire. Entre via Domitia et Augusta, trophée de Pompée, passage de diverses armées, puniques, romaines, barbares, musulmanes, majorquines, aragonaises, espagnoles ou françaises… le site a vécu intensément. Grace à des fouilles archéologiques entreprises à partir1984, la plupart des événements qui y sont advenus nous sont maintenant connus.

col panissars le perthus

La Bataille du Col de Panissars :

En 1285 le col de Panissars fut le théâtre d’une bataille sanglante qui devait marquer profondément les royaumes de France, de Majorque et d’Aragon. Elle scellait la fin de la Croisade d’Aragon.

Historique du conflit :
Le roi d’Aragon Pierre II le Grand avait des visées sur la Sicile dont le père de son épouse, Constance de Hoenstaufen, avait été roi sous le nom de Manfred Ier. Au décès de son père, Constance avait été privée des droits de succession par Charles de Valois frère du roi de France Philippe III le Hardi. En 1285, après une habile manœuvre de sa flotte en Méditerranée, Pierre II débarque en Sicile et en quelques mois, profitant de la révolte des Siciliens contre les français, les fameuses Vêpres siciliennes, il met Charles de Valois en fuite et prend possession de l’île. Le pape Martin IV, un français, prend fait et cause pour Charles de Valois, excommunie Pierre II, prêche contre lui une croisade, et, comme il était de coutume dans un tel cas, offre toutes les terres du roi d’Aragon à Charles, second fils de Philippe le Hardi. Cependant, le roi d’Aragon n’allait pas se laisser dépouiller sans combattre, et ceux qui voulaient s’emparer de ses terres devraient le faire par la force.

C’est pourquoi le roi de France réunit une énorme armée, car ce genre de campagne attirait toutes sortes d’individus avides de butin qui s’ajoutaient aux forces régulières. Bien que son état de vassal de l’Aragon le prive d’ajouter ses forces à celles du chef de la croisade, le roi de Majorque, victime des ambitions de son frère, avait conclu un accord avec le roi de France pour lui permettre de traverser le Roussillon pour atteindre l’Empordà. Quelques jours après, Philippe III gagna le col du Perthus fortement défendu, ce qui l’obligea à faire marche arrière pour emprunter le col de la Massana et envahir l’Aragon.

Malgré la prise de Gérone, la flotte française qui ravitaillait l’armée en longeant la côte, est détruite par la flotte catalane dans la bataille navale des îles Formigues, tandis que s’abat sur les croisés une épidémie de typhus et que Philippe III lui-même est atteint par la maladie. Dès lors, les rôles s’inversent et les français battent en retraite en désordre, assaillis sans arrêt par des groupes de soldats catalans.

C’est ainsi qu’entre le 30 septembre et le premier octobre 1285, les français rebroussent chemin par le col de Panissars. Pierre II ayant promis de laisser passer le roi de France et sa suite sans intervenir, ses troupes se contentent d’attaquer et de massacrer l’arrière garde de l’armée française et la multitude de soldats de fortune qui tentaient de la suivre car ils étaient lourdement chargés de butin, le jour suivant Philippe III mourait à Perpignan, tandis que pour la petite histoire, les deux autres protagonistes de l’événement, Pierre II le Grand et le Pape Martin IV mouraient la même année.

bataille col panissars le perthus

Le Prieuré de Sainte Marie de Panissars

Le monument de Pompée tomba peu à peu dans l’oubli jusqu’à ce que les moines bénédictins de l’Abbaye d’Arles sur Tech prennent possession des lieux.

Construite autour de l’an 1000 (consécration en 1011), l’église est de tradition préromane Sa situation géographique privilégiée au sommet du col et en bordure de l’ancienne via Domitia toujours utilisée, lui confère une fonction hospitalière d’accueil des pèlerins en route pour Saint Jacques de Compostelle.

Son plan est celui d’une église à trois nefs, plus large (nord-sud) que longue. Son abside a été aménagée en partie contre le parement oriental du soubassement romain, réalisant de fait un schéma traditionnel de type carolingien caractérisé par un niveau inférieur ou pseudo crypte (à 1.30m sous le niveau de la nef) et un niveau supérieur.

Le chœur, situé à 1.40m au-dessus du niveau de la nef est semi-circulaire, légèrement outrepassé. La nef était certainement charpentée comme permet de le penser le départ au sol sur les trois faces N, O et S de pilastres constitués de blocs de grès romains utilisés en remploi. La couverture probablement construite en bâtière pourrait avoir été aménagée sur les deux côtés Nord et Sud, soit selon une pente unique, soit en deux pans distincts marquant le passage de la nef centrale aux nefs latérales.
Les dimensions de l’édifice hors œuvre sont de 15.80 X 13.40m.

L’église devenue prieuré, voit son domaine s’étendre grâce à de nombreuses donations parmi lesquelles celles des seigneurs de la Clusa et des vicomtes de Rocabertí. Pour une raison inconnue le prieuré est rattaché à la fin du XI° siècle au monastère de Sainte Marie de Ripoll, situation confirmée par une bulle du Pape Urbain II en 1.097. Au XIII siècle le déplacement de la limite entre les comtés de Roussillon et d’Empúries-Perelada, de la Clusa au col de Panissars, expose le prieuré en première ligne des conflits à venir.

En 1659 la frontière du Traité des Pyrénées le coupe en deux et oblige la communauté des clercs à migrer vers d’autres lieux. Le prieuré est détruit et sert de carrière pour la construction du Fort de Bellegarde. Au cours du XVIII siècle, il est reconstruit à un kilomètre environ à l’ouest du site initial, au col du Priorat 200m plus haut, en territoire espagnol.

Le Prieuré de Sainte Marie de Panissars